#138 : Nouvelles fantastiques – POE, MAUPASSANT, GAUTIER & GOGOL

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Nouvelles fantastiques par Edgar Allan Poe, Guy de Maupassant, Théophile Gautier et Nicolas Gogol

  • Maison d’édition : Magnard
  • Collection : Classiques & contemporains
  • Pays : France (publication)
  • 144 pages
  • Quatrième de couverture

« « Suis-je fou, ou bien le diable, avec ses ruses les plus subtiles, se joue-t-il de moi ? » Telle est la question qui obsède la plupart des héros de récits fantastiques. C’est le cas ici, qu’il s’agisse du Cœur révélateur de Poe, de Deux acteurs pour un rôle de Gautier, de La Nuit de Maupassant, ou de La Perspective Nevski de Gogol.

Dans ce recueil, les élèves apprendront à mieux cerner la particularité du genre fantastique, en découvrant les contraintes et les plaisirs de la forme courte. Niveau 3 : recommandé pour les classes de troisième, seconde professionnelle et terminale BEP. Les Nouvelles fantastiques figurent dans les documents d’accompagnement des programmes officiels de l’Education Nationale. »

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Magnard - Concours cartoLes corpus de textes sont des merveilles où l’on y trouve textes en intégral, courtes biographies des auteurs, contexte dans une page dédiée, et explications sur les textes et le genre qu’on lit. Nouvelles fantastiques est de ceux-ci, composé de quatre nouvelles que l’on doit à Allan Edgar Poe, Guy de Maupassant, Théophile Gautier et Nicolas Gogol. Corpus réservé au Collège et au Lycée Professionnel, mais aussi une formidable opportunité de découvrir des plumes que l’on n’a pas forcément eu le temps d’aborder. Procédons par nouvelle pour cette fois.

Le Cœur révélateur – Edgar Allan POE : Première lecture d’un auteur connu et reconnu depuis très longtemps, peut-être même ne l’ai-je jamais lu avec attention, c’est désormais réparé. Efficace, poétique et tranchant par moment, le lecteur est pris au piège dans un récit où le crime crapuleux trouve justice d’une façon aussi exquise que glaçante. Qui tue doit vivre avec la culpabilité et le son de la vie qu’il a prise. L’auteur sait installer l’angoisse à partir de peu et manie son style avec maîtrise. Il démontre aisément à quel point il suffit de peu pour créer une ambiance prenante. Le seul regret tient purement de la subjectivité : trop court, on aimerait pouvoir en lire plus !

La Nuit – Guy de MAUPASSANT : Diablement court et effréné, j’ai eu l’occasion de lire d’autres nouvelles de cet auteur et il surprend toujours par la vivacité de sa plume. Paris paraît plus vivante que morte, tourbillonnante en même temps qu’éteinte. La narration enflammée et l’urgence se font sentir à chaque ligne. Plus les mots défilent, et plus on se demande ce qui se passe, pourquoi Paris se mue dans le silence et le vide, avant de tomber sur la chute, logique et inattendue à la fois elle aussi. Comme presque toutes les nouvelles fantastiques, on en vient à regretter que le texte soit si court et si empreint de mystères, parce que le cauchemar insidieux arrive de nulle part, et qu’il entraîne un brave narrateur sur sa perte, en même temps que la nôtre !

Deux Acteurs pour un rôle – Théophile GAUTIER : Il se trouve par un heureux hasard que je l’ai lu tout récemment, et la relire fut un plaisir ! Cette nouvelle, qui tient autant de la nouvelle que d’un conte, reste délectable bien que relativement court et simple dans ses bases. Le Diable jouant son propre rôle car offensé par cette pâle imitation de son machiavélisme, quoi de mieux ? Nouvelle divisée en plusieurs parties afin que le lecteur puisse identifier toutes les étapes, la fin en est amère autant qu’effrayante, en un sens, mais ça, ça ne transparaît qu’après la lecture, lorsqu’on revoit les implications, même si le danger semble disparaître. Sous des airs de scénario assez basique se cache une intrigue entraînante. 

La Perspective Nevski – Nicolas GOGOL : Dernière nouvelle de ce corpus, moins connue que les autres, plus longue, aussi, et déconcertante. Ce qui en fait un petit charme finit par en faire un questionnement perpétuel, et une moue perplexe. On ne peut enlever à l’auteur son talent pour les descriptions ; étoffées, elles augmentent l’impression de réalisme, et cette rue si spéciale et dangereuse défile sous nos yeux de lecteur. Là où on s’interroge sur les motifs d’une telle nouvelle, c’est pour son action, ou plutôt, son manque d’action, dans le sens où peu de choses s’y passent. L’auteur nous fait découvrir une rue magnifique en apparence à travers des histoires qui ne trouvent pas de fin heureuse, et les personnes dont on suit une partie de la vie n’ont que peu d’intérêt, au final. C’est aussi le souci du format court : la difficulté à prendre attache en aussi peu de temps. Si l’histoire en elle-même en pâtit un peu, on garde quand même le souvenir de la visite d’une des rues incontournables de Saint-Pétersbourg, et mine de rien, un fragment de temps ancien, où l’on côtoie les fantômes d’une rue sans cesse changeante.

Le corpus se lit en peu de temps et ne se contente pas de livrer des textes ; il aborde quelques éléments d’étude sur le caractère de chaque texte pour aider le lecteur perdu ou juste curieux à trouver son chemin dans les mots implicites, tout en donnant un contexte au genre fantastique, et à chaque auteur. Trois pays représentés, quatre auteurs classiques dont on ne doute plus de la maîtrise de leur art et de leur célébrité, et quatre textes dont on se régale et dont on regrette qu’ils soient aussi courts. Et comme toujours, dans le genre fantastique, tous les mystères qui nous sont présentés gardent une part de secret que l’auteur ne livre pas, pour notre plaisir ! Ne pas tout savoir laisse ouvert la porte de l’imagination.

Les plumes

Quatre plumes de la littérature fantastique classique sont mises à l’honneur dans ce corpus :

Pour aller plus loin          

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