#84: Entre deux mondes – Olivier NOREK

entre-deux-mondes-974813

Entre deux mondes par Olivier Norek

  • Maison d’édition : Michel Lafon
  • 413 pages
  • Quatrième de couverture :

« Fuyant un régime sanguinaire et un pays en guerre, Adam a envoyé sa femme Nora et sa fille Maya à six mille kilomètres de là, dans un endroit où elles devraient l’attendre en sécurité. Il les rejoindra bientôt, et ils organiseront leur avenir. 

Mais arrivé là-bas, il ne les trouve pas. Ce qu’il découvre, en revanche, c’est un monde entre deux mondes pour damnés de la Terre entre deux vies. Dans cet univers sans loi, aucune police n’ose mettre les pieds. Un assassin va profiter de cette situation. Dès le premier crime, Adam décide d’intervenir. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il est flic, et que face à l’espoir qui s’amenuise de revoir un jour Nora et Maya, cette enquête est le seul moyen pour lui de ne pas devenir fou. 

Bastien est un policier français. Il connaît cette zone de non-droit et les terreurs qu’elle engendre. Mais lorsque Adam, ce flic étranger, lui demande son aide, le temps est venu pour lui d’ouvrir les yeux sur la réalité et de faire un choix, quitte à se mettre en danger. »

avis livre

Véritable plaisir de retrouver l’auteur que j’avais découvert avec Code 93 et Surface. Aujourd’hui, je me retrouve face à Entre deux mondes, un roman différent de ceux déjà lus d’Olivier Norek. Cette fois, on plonge en plein dans la misère humaine, à travers la tristement célèbre Jungle de Calais.

Une chose à savoir, et que l’on comprend très rapidement : aucun ménagement dans la cruauté et la violence : personne ne sera épargné, ni les lecteurs, ni les personnages. On commence donc le périple avec deux chapitres d’où suinte la menace de la mort. Le long voyage que l’on va suivre avec la plume de l’auteur risque de déterrer des choses que personne ne veut voir, ou n’ose pas regarder.

D’une part, l’histoire de ce flic syrien : Adam. Lui et sa famille sont dans de sales draps, pire que ça même. Son histoire à lui, c’est retrouver sa femme et sa fille, Nora et Maya, une fois qu’il rejoint la sécurité (en apparence) de la France. Le voilà projeté dans l’enfer de la Jungle de Calais.

De l’autre côté, c’est avec Bastien que l’on suit une intrigue qui rejoint vite celle d’Adam. Les deux hommes se ressemblent tout en étant différents, l’un a sa famille (en très mauvais état, bien sûr) et l’autre attend de la rejoindre. Les voilà à devoir se battre tous les deux pour quelque chose qui les dépasse complètement. Il y a peu que l’Humain puisse faire là-dedans.

Entre deux mondes nous enfonce dans les horreurs et la cruauté. C’est en lisant ce roman qu’on se rend compte qu’on peut rien faire, ou si peu. Au fond, c’est l’Humain qui s’inflige ses propres malheurs, soit par des guerres, soit par un manque d’empathie ou de compréhension, soit parce qu’il veut rester aveugle face aux problèmes les plus durs.

Autre chose que l’on voit au fur et à mesure des différentes intrigues et des personnages qui nous sont présentés, c’est le côté des migrants qui débarquent à Calais après avoir risqué leur vie, et qui ne souhaitent pour la plupart qu’une chose : retrouver une vie qu’ils ont perdu, ne plus être en danger, connaître la paix. De l’autre côté, on explore, bien que très peu, le point de vue des locaux qui subissent des comportements inexcusables, et qui ne peuvent rien faire. De l’autre côté encore, la police, qui assiste mais n’a pas la main, car dans ce monde, tu peux commettre tous les crimes sans être punissable. Tout est permis dans cet enfer, y compris les pires actes.

Dans toute cette noirceur humaine qui ne trouvera pas de solution de sitôt, voilà qu’un personnage nous redonne l’espoir, ou tout du moins une illusion d’espoir. Kilani est comme l’ombre d’Adam, c’est le petit gars que le flic a sauvé au sein de la Jungle. Un petit gars plus qu’attachant, rendu muet par la violence de son passé, mais qui trouve le moyen de nous livrer son histoire par des chapitres de son point de vue. On y apprend davantage sur ce qui se passe à l’autre bout de la planète, des choses que nous, avec notre vision, ne voyons pas ou ne voulons pas toujours voir.

Malgré cette intrigue qui s’éloigne de ce qu’on lit d’habitude chez Olivier Norek, il y a des regrets. Cette intrigue terroriste par exemple, qui n’est exploitée que du bout des doigts, pour faire entrer un ou deux personnages éphémères. L’impression qu’il y a des tons moralisateurs à certains passages. Ça plaira à certains, d’autres n’aimeront pas cette manière de faire. En tout cas, chaque lueur d’espoir est vite arrachée, comment peut-on espérer dans cet enfer ? Les portes de sortie sont dangereuses et peuvent vous broyer. Mais ça, vous le découvrirez de vous-même en vous lançant dans Entre deux mondes, un des rares romans policiers à se passer en plein dans la misère de Calais. Si tous les aspects ne sont pas abordés longuement, on a au moins une vision globale de ce qui se passe, peut-être de quoi ouvrir les yeux sur quelque chose qui se passe pas si loin de chez nous.

Regret aussi en rapport avec la fin, un petit goût amer devant certaines questions qui ne semblent pas trouver leurs réponses. Globalement, une bonne lecture qui permet de s’ouvrir et d’essayer de comprendre. Une introduction si l’on veut en savoir plus sur la Jungle de Calais, qui nous fournit un contexte clair. Pas mon préféré de l’auteur, mais il en faut pour tout le monde !

Pour aller plus loin          

Une réflexion au sujet de « #84: Entre deux mondes – Olivier NOREK »

  1. J’avais adoré cette lecture, une vraie claque. J’habite dans le Nord et cette thématique de la jungle de Calais je connais mais du point de vue de la presse et des idées reçues. Ce roman m’a fait revoir les choses sous une autre perspective. Je crois que la jungle ne ressemble plus à ce qui est décrit dans le roman mais il existe encore des campements et j’imagine que la vie y est toujours aussi pénible et dangereuse. Norek est vraiment fort pour mélanger polar avec les sujets de société.

    Aimé par 1 personne

Laisser un commentaire